Un article issu d'une communication du CND . Cet article est dû à Monseigneur Jean-Luc BOULLERET archevêque de Besançon.
C'est une excellente réflexion sur le sens du diaconat permanent.
Voir le PDF si dessous par "Son Excellence Révérendissime Monseigneur Roberto O. González Nieves", O.F.M. Archevêque de San Juan au Porto-Rico.
Article en PDF en bas de cet article -Tiré de la Nouvelle revue théologique 2016/4 (Tome 138)
Résumé
Après avoir dégagé les acquis doctrinaux et ecclésiaux du rétablissement du diaconat, l'article examine comment le ministère des diacres rencontre aujourd'hui les besoins de la mission en se situant par rapport aux ministères laïcs. Il aborde trois thématiques : le pouvoir de servir en vertu de l'ordination comprise comme habilitation sacramentelle à agir au nom d'un autre, le Christ ; la question des diacres et des femmes dans le cadre de l'évolution des rôles assignés ; le titre de légitimité du ministère diaconal dans le concert des ministères.
Plan de l'article
Vous trouverez ci-dessous le beau texte (PDF) d'une relecture mystagogique de l'ordination diaconale,
que m'a transmise un diacre de Rennes.
Maurice R.
Face à la baisse numérique des prêtres, la tentation est grande de confier aux diacres la fonction d'animateurs de paroisse..."
La Croix du 2/10/2014 - Jean RIGAL - Article en 2 PDF ci-dessous :
Diaconat - En réaction au forum de Jean Rigal (La Croix du 25 octobre), je vous fais part d'une réflexion faite dans un groupe d'accompagnement pour l'ordination d'un nouveau diacre, jeune père de famille: un diacre nouvellement ordonné, notamment quand il est père de famille en activité, doit tout d'abord s'insérer doucement dans ce nouvel état, son épouse aussi, ct les enfants aussi. La tentation est grande de lui confier une responsabilité, mais il ne saurait-jamais être la solution à un problème. En tant que don gratuit à notre Église et au monde, déjà pleinement inséré dans la vie active et sociale, pourquoi lui confier de suite une responsabilité ? La pression devant le manque de fidèles qui s'engagent est mauvaise conseillère, et combler les sièges vacants par des diacres occulte d'autres solutions avec les fidèles baptisés. Il faut parfois remplacer le trop plein par du vide pour que la source s'écoule à nouveau.
Le nouveau diacre pourrait rester un serviteur inutile dans tous les sens du terme pendant quelques années, avant de recevoir un engagement dans l'Église, présence gratuite dans ses lieux de vie habituels avec un regard renouvelé par la grâce de l'ordination. C'est dans cette gratuité et cette disponibilité à l'Esprit que des idées pastorales renouvelées peuvent germer. Laissons nos diacres nouveau-nés libres de tout engagement pendant leurs premières années. C'est salutaire pour leur famille, pour le monde et notre Église. Peut être que le diaconat a pour vocation le passage d'une situation à une autre, sans jamais pouvoir s'installer dans une fonction précise ...
(diacre permanent du diocèse de Strasbourg) Richard Martz
La CROIX – Courrier des Lecteurs – Lundi 10 Novembre 2014
Veuillez trouver ci-dessous divers textes à télécharger. (Vous pouvez nous en proposer d'autres)
Pourquoi un diacre n'a-t-il pas le droit de donner le sacrement des malades ? Quels fondements théologiques expliquent cette interdiction. Un article de Bertrand Révillion, diacre et journaliste.
Un refus mal compris
Restauré par le Concile Vatican II, le diaconat permanent est ouvert à des hommes, le plus souvent mariés qui, outre la mission spécifique pour laquelle l'Eglise les envoie dans le monde (au travail, dans les lieux de solidarité, dans les associations...), peuvent "administrer" un certain nombre de sacrements : le baptême, le mariage. Ils "président" aussi les obsèques et peuvent faire l'homélie à la messe. Le diacre étant le plus souvent envoyé dans les lieux de pauvreté, d'injustice et de souffrance de la société, un bon nombre d'entre eux sont engagés dans la pastorale de la santé: ils sont "aumôniers" d'hôpital, accompagnateurs, parfois aussi "soignants" eux-mêmes (infirmiers, médecins...)
Depuis de nombreuses années, le refus formulé par l'Eglise de permettre aux diacres de donner le sacrement des malades est mal compris. De fait, il est souvent très difficile, voire impossible, de faire comprendre à un malade et à sa famille que le diacre qui, parfois pendant de longs mois, a accompagné celui qui souffre, ne peut pas, au moment où cette demande est exprimée, donner ce sacrement.
Il faut alors "aller chercher un prêtre" qui ne connait rien à l'histoire du malade et qui vient se situer (parfois mais fort heureusement pas toujours) uniquement comme "administrateur de sacrement". Cela est mal vécu : c'est, disent de nombreuses personnes concernées de près, comme si la vie était séparée du sacrement.
Une interdiction confirmée en 2005
Pour le Code de droit canonique de 1983 comme pour le Catéchisme de l'Eglise catholique, la réponse est claire : "Seuls les prêtres sont les ministres de l'onction des malades". Une interdiction forgée au Concile de Trente qui passe mal aujourd'hui et qui, depuis plusieurs années est remises en cause pas bon nombre de celles et de ceux qui sont engagés dans la pastorale des malades (y compris de nombreux prêtres). Mais, en 2005, une note de la Congrégation pour la doctrine de la foi à confirmé cette interdiction.
Pour certains, il y a là une juste vision de la mission du prêtre qui, outre l'onction des malades, peut, à la même occasion entendre le malade en confession et lui donner l'absolution. Il y a aussi la conviction, partagée par certains, qu'on a toujours le temps d'appeler un prêtre... D'autres estiment que ce "blocage" doctrinal oublie la réalité humaine et cache une volonté très insistante ces dernières années de "re-sacraliser" le rôle du prêtre, d'en faire le seul intermédiaire entre Dieu et les hommes.
Plus les fonctions du prêtres seront définies et exclusives et moins restera floue l'identité du prêtre. Comment en effet ne pas voir un lien entre la "crise des vocations" et le refus de confier à d'autres membres de l'Eglise des fonctions autrefois réservées au seul prêtre ? Sur ce terrain délicat, le diacre peut apparaître comme quelqu'un qui rend un peu flou le ministère sacerdotal...
Un geste d'ouverture
Dans la plupart des diocèses, les personnes engagées dans la pastorale de la santé reçoivent une lettre explicite de l'évêque. On pourrait considérer qu'un diacre en mission dans le monde de la santé pourrait, en fidélité totale avec son évêque, être le "ministre extraordinaire" du sacrement des malades, le prêtre restant le "ministre ordinaire" de ce sacrement (c'est à dire, le ministre habituel).
De nombreux diacres ayant reçu une bonne formation théologique et liturgique pourraient donner ce sacrement lorsque la situation humaine le requiert (ce qui est déjà le cas pour le mariage, par exemple où prêtres et diacres se partagent, souvent dans une très bonne entente, les célébrations en fonction des besoins et des attentes pastorales) . Il y aurait là un geste d'ouverture qui donnerait le sentiment d'être mieux à l'écoute des urgences et des "faims" des hommes et des femmes.
"L'onction des malades devrait être administrée par les diacres"
A titre personnel, en tant que diacre parfois engagé dans l'accompagnement de personnes malades, je suis gêné, attristé, voire franchement meurtri lorsque, après des jours et des semaines d'écoute et de dialogue confiant avec quelqu'un qui souffre, je dois tenter de faire comprendre que je ne suis pas "habilité" à donner ce très beau sacrement qui, fort heureusement, n'est plus appelé "extrême onction" (le sacrement qu'on donne aux derniers instants) mais "l'onction des malades", l'huile du Christ qui donne force et espérance, et appel, malgré tout, à la Vie...
A trop vouloir défendre une certaine conception de la Tradition, à trop vouloir protéger le seul statut du prêtre, l' Eglise ne donne-t-elle pas le sentiment d'être un peu sourde aux cris des hommes ?
En tant que diacre, dès que l'occasion m'en est donné, mais sans polémique (qui ne fait que bloquer le dialogue), j'essaie, avec d'autres, de faire avancer l'idée que l'onction des malades pourrait, devrait un jour être administrée par les diacres : non pas comme "roue de secours" face au manque de prêtre, mais parce que le diacre incarne la figure du Christ serviteur, à genoux devant toutes les blessures de l'humanité...
Bertrand Révillion, diacre, journaliste envoyé par l'Eglise dans le monde des médias et auprès des milieux artistiques ; février 2006 - Site Croire (lien ci-dessous)
Accès au site Croire - www.croire.com
Le diaconat à l'ordre du jour de l'assemblée des évêques Voir la vidéo de KTO ci-dessous
Les évêques de France en Assemblée plénière à Lourdes ont travaillé sur des questions concernant le diaconat permanent: l'interpellation, la formation et les missions.
"Ni un super-laïc, ni un sous-prêtre", le diacre manifeste la Charité du Christ par sa présence et sa mission, signe dans la liturgie et au service de la Parole. Par l'ordination qu'il reçoit, il devient un ministre ordonné, collaborateur de l'évêque.
A l'Assemblée plénière des évêques de France (Lourdes, 3-8 novembre 2012), Mgr Jean-Luc Bouilleret, évêque d'Amiens, Président de la CEMOLEME, et Mgr François Blondel, évêque de Viviers, membre chargé du diaconat au sein de cette commission, ont présenté les diacrespermanents en France aujourd'hui. Une centaine d'ordinationsa lieu chaque année.
En France, on compte 2.408 diacrespermanents (Guide l'Eglise 2012). En 2011, 84 ordinationsont été recensées (chiffre provisoire). Pour Mgr Jean-Luc Bouilleret, évêque d'Amiens, Président de la CEMOLEME (Commission épiscopale pour les ministres ordonnés et les laïcs en mission ecclésiale), le diaconat permanent est «un fruit du concileVatican II». Il n'avait pas fait l'objet d'une enquête depuis 1995/1996.
Portrait-robot du diacre permanent
Les chiffres pour 2008 donnés par le Comité National du Diaconat montrent que le diacrepermanent est un homme marié (89,3%), actif (51,1%), engagé dans une mission de type «caritatif ou humanitaire» (2 diacressur 5). L'âge moyen à l'ordinationest de 50 ans, celui des diacresayant un ministèrede 61 ans.
« Ni sous-prêtre, ni super laïc »
Présents dans tous les diocèseset dans tous les milieux professionnels. «Au départ, il y a une interpellation par un responsable d'Eglise, donc une initiative, toujours en présence de leur épouse s'ils sont mariés, explique Mgr Blondel. S'ils acceptent, commence un temps de discernement puis une étape de formation puis appelés solennellement au cours d'une célébration liturgique comme candidat au ministèrepar l'évêque du lieu». Alors que l'évêque et le prêtresont chargés d'animer la communauté, le diacre permanent incarne le service de l'Eglise dans la société. Mgr Bouilleret a tenu à rappeler que la lettre de mission du diacrepermanent stipule que la vie familiale est première. Dès lors, il n'est pas question de rivalité entre prêtreset diacrespermanents. «Les tâches liturgiques ne prennent pas l'ensemble de leurministère» assure le Président de la CEMOLEME qui souligne ici une évolution positive.
La formation, point d'attention pour l'avenir
Aujourd'hui, chaque évêque est libre quant à la formation de ses diacrespermanents. Mgr Blondel a témoigné que les adultes quinquagénaires avaient besoin d'une formation différente de celle des jeunes séminaristes. La commission pourrait définir prochainement des axes pour la France.
e pour les ministres Ordonnés et les laïcs en mission écclésiale a fait un point sur le sujet, comme l'expliquent Mgr Jean-Luc Bouilleret et Mgr François Blondel.
Publié dans : Diaconat permanent